New-B une coopérative pour financer une nouvelle agriculture

New-B une coopérative pour financer une nouvelle agriculture

New-B une coopérative pour financer une nouvelle agriculture

De plus en plus de citoyens souhaitent placer leur argent dans une banque réellement éthique et impliquée dans le monde sociétal. Ils veulent aussi pouvoir participer aux prises de décision de leur banque et avoir confiance dans ses activités. C’est le projet de NewB et c’est pourquoi les Compagnons de La Terre ont tenu à inviter son secrétaire général, Marc Bontemps, pour le présenter dans le cadre du festival Nourrir Liège 2017.

Une telle thématique avait bien sa place dans un festival dédié à l’alimentation, en partie parce que les produits alimentaires sont devenus des objets de spéculation pour la plupart des banques classiques. De plus, Les Compagnons de la Terre ont rejoints depuis peu, en tant que partenaire associatif, cette coopérative.

Devant environ une 50ene de personnes dont beaucoup d’étudiants, Marc a souligné que NewB est une coopérative qui veut prouver qu’une autre banque est possible : une banque coopérative pour ses citoyens et par ses citoyens. La coopérative s’est bâtie autour de 12 valeurs : insertion sociale, simplicité, sécurité, durabilité, transparence, innovation, participation, honnêteté, inclusion, sobriété, diversité et proximité. Celles-ci se retrouvent dans les statuts, et au vu de la transparence voulue, ceux-ci sont disponibles et compréhensibles de tous.

En Belgique, un tel projet peut paraître étonnant, pourtant la Belgique est le seul pays européen sans banque coopérative.

Lancée en 2013, elle rassemble déjà plus de 50.000 coopérateurs citoyens à ce jour, et pas moins de 148 coopérateurs sociétaux venant du monde associatif. Ce projet veut prouver qu’une alternative citoyenne est possible, dans un monde bancaire dominé par de grandes banques spéculatives.

NewB a pour vocation de devenir une banque. Malheureusement les démarches pour obtenir la licence bancaire nécessaire prend du temps, au vu des nouvelles législations et règles imposées depuis la crise de 2008. Pour parer ces obstacles, la coopérative a notamment besoin de coopérateurs supplémentaires ainsi que de capital.

Néanmoins elle vous propose déjà une carte prépayée, la NewB Card GOODPAY, la seule carte 100% biodégradable à base de maïs et non de pétrole, que les utilisateurs peuvent utiliser comme une Master Card. Pour cela, il faut être coopérateur, c’est-à-dire acheter une part à minimum 20€. A chaque paiement effectué avec cette carte, 5 cents (prélevés sur la marge de NewB et non de votre compte) sont versés à l’association de votre choix. C’est grâce à un partenariat avec Prepaid Financial Services Ltd que NewB peut déjà proposer cette carte à ses coopérateurs.

NewB a évidemment d’autres projets pour vous ! Des assurances, des produits financiers durables et éthiques.

Pour encore plus d’informations et l’avancée de la coopérative : ici

Comment introduire du bio dans les cantines liégeoises? Compte-Rendu d’une Table Ronde

Comment introduire du bio dans les cantines liégeoises? Compte-Rendu d’une Table Ronde

Comment introduire du bio dans les cantines liégeoises? Compte-Rendu d’une Table Ronde

Il y a quelques mois, l’intérêt de la Ville de Liège d’avancer dans la transition vers le bio dans les cantines scolaires (70.000 euros y sont consacrés dans le budget 2017) était relayé par la presse, c’est pourquoi une discussion autour des modalités de la mise en place d’un tel projet avec les acteurs concernés nous a semblé pertinente dans le cadre du festival Nourrir Liège.

Introduire le bio dans les cantines scolaires à Liège ? C’est autour de cette question que nous avons invité un bel panel d’acteurs à se rencontrer le jeudi 18 mars. Se sont mis autour de la table pour l’occasion huit intervenants : ISOSL, l’Echevinat de l’Instruction Publique de la Ville de Liège, la Cuisine des champs, un conseiller communal de la Ville de Liège, l’ASBL Devenirs, l’asbl Permavenir, le chantier de jeunes étudiants Uni-Vert  ainsi que Le magasin Les Petits Producteurs.

Au cours de la discussion, tous les acteurs ont manifesté leur souhait de favoriser une transition vers le bio mais également vers les produits plus locaux pour les repas proposés aux enfants dans les cantines scolaires. Plusieurs freins à cette transition ont été soulevés :

  • Cuisiner des produits frais requiert beaucoup de main d’œuvre (pour laver, éplucher les légumes, etc.), ce qui favorise grandement l’utilisation en cantines scolaires de produits déjà transformés et parfois congelés.
  • On assiste à un durcissement des lois sur les marchés publics. Une structure telle qu’ISOSL, l’intercommunale qui prépare notamment les repas des écoles et des crèches de la Ville de Liège, est contrainte d’acheter par lots (ce qui engendre par exemple que lorsqu’il y a un besoin en pommes, l’entièreté de la commande doit provenir du même fournisseur), tandis qu’un acteur privé tel que la Cuisine des Champs peut fractionner ses commandes. Cela permet donc à cette dernière de se fournir auprès de plus petits producteurs qui ne sont pas toujours capables de fournir de très grandes quantités.

Lors des échanges, un point a été souligné par l’ensemble des intervenants : l’information et la sensibilisation des enfants et de leurs parents sont essentiels. En effet, offrir une alimentation saine aux enfants sans passer par la sensibilisation à ses bienfaits et à la provenance de la nourriture est regrettable selon eux. Un telle sensibilisation peut passer, par exemple, par l’installation de potagers à vocation pédagogique au sein des écoles. L’information passera également par des communications via les réseaux sociaux, des réunions de parents, etc.

En fin de discussion, deux pistes ont été avancées par certains intervenants :

  1. La mise en place de légumeries, afin de faciliter l’accès à des produits plus locaux ou même bio aux cuisines de collectivités. Il semble que ces légumeries soient le chaînon manquant entre les producteurs et les cuisines collectives.
  2. Des écoles-test à petite échelle dans lesquelles le bio serait introduit durant une certaine période. Cela permettrait d’identifier l’ensemble des modalités pratiques de la question, y compris la question du prix. Du bio et de la nourriture saine, oui, mais avec une réelle volonté que cela reste accessible à tous.

Par l’organisation de cette table ronde, la Ceinture Aliment-Terre espère avoir lancé les prémices d’un dialogue sur une question de santé publique fondamentale : l’introduction du bio dans les cantines scolaires, de manière démocratique. Le sujet est vaste, et nous y resterons attentifs. La sortie prochaine d’un documentaire sur ce thème intitulé « Zéro phyto, 100% bio » sera assurément l’occasion de se réunir à nouveau, à l’heure où les bienfaits du bio ne sont plus à démontrer et où fournir une nourriture saine aux enfants de nos écoles est essentiel.

 

Merci à tous les intervenants de cette table-ronde ainsi qu’à Isabel et Sophie pour leur implication dans cet événement et la rédaction de cet article. 

Un débat politique, scientifique et citoyen : état des lieux de notre agriculture

Un débat politique, scientifique et citoyen : état des lieux de notre agriculture

Un débat politique, scientifique et citoyen : état des lieux de notre agriculture

On le sait, la disparition de nombreuses fermes en Belgique, en Europe et dans le monde est une réalité inquiétante qui soulève de nombreuses questions politiques, sociétales mais aussi citoyennes. Voilà pourquoi, un grand débat réunissant des acteurs de tous bords a été organisé dans le cadre du festival Nourrir Liège. Ce dernier, qui pose la question de la transition agricole, représentait une occasion unique de réunir un panel d’intervenants autour de la thématique de l’agriculture. Ainsi, ce sont plus de 300 personnes qui se sont rendues au Complexe Opéra de l’ULG samedi 18 mars pour y écouter le monde politique, scientifique mais aussi celui de la société civile débattre au sujet de leurs visions et constats de l’agriculture d’aujourd’hui.

Le débat, structuré en deux parties, a d’abord vu Messieurs Borsus [1], Georges[2], Tarabella[3], De Schutter[4] et Desgain[5] exprimer leur vision de l’agriculture et leurs marges de manœuvre respectives dans l’orientation des politiques agricoles. Par la suite, le débat a laissé place à Madame Mertens[6] et Messieurs Stassart[7] et Chapelle[8]qui se sont exprimés sur la manière dont le monde de demain se prépare dès aujourd’hui. Enfin, Monsieur Biteau[9] a conclu la soirée tout en y apportant son expérience personnelle de paysan-agronome-élu. Si ce grand panel d’acteurs n’a pas permis à chacun de s’exprimer longuement, il a en revanche obligé ceux-ci à aller droit au but dans leurs interventions, permettant ainsi au public de prendre connaissance des arguments de chacun dans un laps de temps très court. De plus, la présence d’un représentant politique pour les niveaux de pouvoir régionaux, fédéraux et européens a sans nul doute enrichi l’approche.

Les interventions ont mis en évidence certains sujets qui, bien loin d’opposer le monde scientifique, politique et celui de la société civile, créent au contraire des ponts entre eux. Nous retenons en particulier le dialogue nécessaire entre les agriculteurs, les consommateurs, les citoyens ainsi que l’interaction entre les niveaux locaux, régionaux, fédéraux et européens.

Par ailleurs, la nécessité de faire un choix en termes de modèle agricole, introduite par Monsieur Desgain et reprise par plusieurs intervenants, a également été abordée. Un choix attendu de la part du politique en faveur d’une agriculture qui ne serait pas uniquement destinée à l’exportation, d’une agriculture solidaire, durable, de transition. Ce choix est crucial aujourd’hui, alors que nous assistons à la disparition de nombreuses fermes, les coûts d’exploitation ne cessant d’augmenter tandis que la rémunération, elle, ne cesse de diminuer. Alors que l’article 39 du Traité de Lisbonne reprend les objectifs de la PAC, Monsieur Tarabella a précisé que l’objectif visant à « assurer un niveau de vie équitable à la population agricole, notamment par le relèvement du revenu individuel de ceux qui travaillent dans l’agriculture », n’était plus respecté. Selon Monsieur Georges, s’il y a des pratiques vers lesquelles il faut se diriger, le choix d’un seul modèle agricole n’est pas pour autant nécessaire car différents types d’agricultures peuvent être complémentaires et ainsi coexister.

Au sujet des prix qui semblent plus élevés lorsqu’on souhaite acheter des produits de qualité locaux, Monsieur De Schutter a déclaré ceci : « Notre société a développé une économie alimentaire low-cost qui n’a pas intégré les externalités négatives, ce qui a conduit à de nombreuses conséquences : environnementales, sociétales, de santé publique, sur le Sud, etc. ».  Selon Monsieur de Schutter, ces différentes crises agroalimentaires auxquelles nous faisons face sont des opportunités à saisir pour se lancer dans une transition à l’heure où nous sommes lancés dans une course contre la perte de la biodiversité, la dégradation des sols, les ruptures climatiques, la disparition des fermes familiales, l’obésité, la maladie, etc. Dans ce sens, Monsieur Borsus a également souligné le fait que les crises impliquant une certaine volatilité des prix, l’opinion publique en faveur des agriculteurs et la PAC à l’horizon 2020 sont des fenêtres d’opportunités pour faire « bouger les lignes » bien que de nombreuses voix favorisent le « tout au marché ».

Que faire face à cette situation dans laquelle se trouve notre agriculture ? C’est la réflexion qui a été proposée par trois acteurs. Tout d’abord, Madame Mertens a mis en avant le passage d’un comportement individuel à un comportement collectif par le biais d’initiatives citoyennes qui mettent en commun des moyens pour prendre en main l’avenir. Ensuite, Monsieur Stassart a explicité les trois enjeux importants dont il faudra tenir compte dans l’élaboration de scénarios sur l’avenir de notre système agroalimentaire : le système alimentaire, la territorialisation et la formation (la plupart des savoirs ne sont plus produits par les universités). Enfin, Monsieur Chapelle a souligné la nécessité d’élaborer dès aujourd’hui, une agriculture post-pétrole.

Durant toute la durée du débat, le public était invité à écrire les questions qu’il souhait poser aux intervenants. Preuve de la richesse du sujet, une quarantaine de questions ont été récoltées (voir ci-dessous)! Les intervenants se sont engagés en fin de débat à répondre à chacune de ces questions par écrit et nous publierons ces réponses sur le site de la Ceinture Aliment-Terre liégeoise dès que nous les aurons reçues.

Nous remercions l’ensemble des intervenants pour leur présence car une chose est certaine, le citoyen est demandeur de ce genre de rencontre durant lesquelles le politique, le monde universitaire et la société civile ont l’occasion d’échanger leurs avis, conseils et expériences. Si le monde agricole connait une crise aujourd’hui, nous étions désireux de contribuer à ce qu’elle ne se déroule pas en silence afin de lancer un discours de solutions et d’espoirs pour les agriculteurs qui nous nourrissent et, nous l’espérons, continuerons à le faire demain.

– – – – – – – – – – –

[1] Willy Borsus : ministre fédéral de l’agriculture.

[2] Benoit Georges : représentant René Collin, ministre de l’agriculture.

[3] Marc Tarabella : député européen et bourgmestre d’Anthisnes.

[4] Olivier De Schutter : professeur à l’UCL, ancien rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation.

[5] Stéphane Desgain : CNCD 11-11-11, chargé de recherche et plaidoyer sur la souveraineté alimentaire.

[6] Sybille Mertens : professeur à HEC-ULG, Titulaire de la Chaire CERA « entrepreneuriat social et coopératif ».

[7] Pierre Stassart : professeur à l’ULG, président du Groupe Interdisciplinaire de Recherche en Agroécologie du FNRS (GIRAF).

[8] Gauthier Chapelle : Essayiste (« Le vivant comme modèle »).

[9] Benoît Biteau : paysan agronome, trophée national de l’agriculture durable 2009 (France).

 

– — – – – -LISTE DES QUESTIONS DU GRAND DEBAT – – – – –  –

Pour M. Tarabella

  • Vous dites vouloir soutenir l’agriculture, mais comment comptez-vous soutenir les agriculteurs qui pratiquent une agriculture alternative au vu de la lourdeur des cahiers des charges pour les plus petits ? Prenons l’exemple des semences paysannes, est-ce normal que l’artisan doit payer 1000€ de frais pour introduire dans la « liste » européenne de légumes autorisés, une variété disparue ? De même, comment peuvent-ils réellement assumer par exemples les charges phytosanitaires vers lesquelles l’Europe se dirige ?

 

  • Vous parlez de réguler l’aide à l’agriculture, mais ne faudrait-il pas assainir les bénéficiaires ? Pourquoi de grosses entreprises en bénéficient encore ?

 

  • Selon vous, tout (100%) ne peut pas passer en circuit court. Quelle est la part irréductible ? Quels produits ?

 

  • En Amérique Latine, l’agriculture urbaine et péri-urbaine fait partie intégrante de politiques municipales/gouvernementales visant la sécurité alimentaire et la réduction des inégalités sociales dans les villes comme la Havane au Rosario. De tels programmes d’agriculture urbaine et péri-urbaine émanant des autorités pourraient-ils être appliqués en Europe ? Quelles sont les limites et enjeux de l’agriculture urbaine et péri-urbaine en Europe ?

 

  • Comment expliquez-vous que les aides européennes reviennent aux grands propriétaires terriens (la Reine d’Angleterre ou le Prince de Monaco) ?

 

  • Vous dites que les jeunes reçoivent des aides pour l’installation en bio alors qu’on sait que proportionnellement elles sont plus faibles qu’en conventionnel, étant donné la puissance des lobbys à l’Europe. Que pensez-vous que l’on peut faire pour changer cela ?

 

  • (Problème des aides de la PAC). N’est-il pas préférable de penser à un autre système, permettant une réelle aide aux agriculteurs belges et sans oublier les pays du sud ?

 

  • Quel est le rôle de l’action publique pour diminuer « l’entre-soi » des agriculteurs et intégrer/rapprocher les consom-acteurs ?

 

  • Que faites-vous concrètement à l’Europe pour mettre en place les idées que vous avancez (par exemple reréguler les marchés, augmenter l’autosuffisance alimentaire les aides contra cycliques, etc.) ?

 

  • A quand l’interdiction du Glyphosate ?

 

Vous avez déjà répondu à cette question mais si toutefois vous souhaitez apporter une réponse écrite, c’est tout à fait possible.

 

 

Pour Benoît Georges/ M. Collin

  • Vous proposez parmi les solutions alternatives de pratiquer le maraîchage pour les jeunes afin de changer les pratiques, les modes de production. Savez-vous combien de temps il faut pour commencer à être réellement rentable ? De même, si l’on réfléchit en termes de coûts, cette bouche supplémentaire à nourrir est obligé de s’endetter à de gros montants pour pouvoir pratiquer. Est-ce réellement faisable ? Ne sommes-nous pas face à un mur ?

 

  • Quel est le rôle de l’action publique pour diminuer « l’entre soi » des fermiers et intégrer/rapprocher les « consom’acteurs » de ces fermiers ?

 

 

  • Quel est votre avis sur la non-taxation des transports et notamment du kérosène ?

Et de la mise en concurrence de produits agricoles qui viennent de milliers de km et qui sont revendus ici moins chers que ceux produits chez nous ?

Il y a plus de 10 ans, Pierre Ozer proposait les vignettes « avion rouge » à placer sur les produits qui viennent par avions …

 

 

  • L’agriculture conventionnelle, toujours majoritaire, fait beaucoup d’efforts pour répondre aux exigences nationales/européennes concernant la protection de l’environnement en suivant des référentiels de bonnes pratiques de production. Cela passe par une diminution de l’utilisation des pesticides et des engrais chimiques. Le choix de ces utilisations est pourtant basé sur des observations et analyses de risque. consommateur ne connait pas tous ces efforts effectués.
  • Le bio a bonne presse et c’est bien ainsi mais le conventionnel tente aussi d’améliorer son image.

Une promotion des efforts effectués ne devrait-elle pas se mettre en place pour informer le consommateur-citoyen ? Si oui, QUI va le faire ?

 

  • Plutôt que de refaire l’histoire de la PAC et une lecture du code wallon de l’agriculture, pouvez-vous présenter des mesures concrètes, réfléchies à long terme pour de nombreux agriculteurs présents ici aujourd’hui ?

 

  • Vous préconisez soutenir une agriculture à taille humaine, les circuits courts et les agriculteurs locaux. Mais l’AFSCA détruit des produits du terroir comme des fromages (Herve), des tartes (riz) en imposant les normes des multinationales qui respectent très peu l’agriculteur. Votre réaction face à cela ?

 

Pour Stéphane Desgain

  • Pouvez-vous revenir sur l’importance capitale de la construction de souveraineté alimentaire des populations ?

 

Pour Willy Borsus

  • Quel est le rôle de l’action publique pour diminuer « l’entre soi » des fermiers et intégrer/rapprocher les « consom’acteurs » de ces fermiers ?

 

  • Quels sont les arguments qui soutiennent la nécessité de l’exportation pour la survie de l’agriculture belge ?

 

  • Vous avez parlé :

 

  1. d’une agriculture essentiellement nourricière : quid du bio-diesel ?
  2. d’une agriculture respectueuse de l’environnement : pourquoi développer la culture de maïs qui déstructure le sol et engendre de l’érosion?
  3. de la recherche de terre alors que les terres riches de Hesbaye sont phagocytées par des supermarchés, des lotissements, des industries

 

  • Quelle vision pour la Belgique dont les compétences sont déjà tellement morcelées ?

 

  • Agir en tant que citoyen c’est bien. Mais à quel moment comptez-vous utiliser vos compétences pour faire évoluer ce système qui a besoin d’évoluer à l’évidence ?

 

  • Vous dites, la triple volatilité des prix est dommageable. En quoi le CETA que vous avez soutenu va-t-il aider dans ce cas ?

 

  • Des publicités pour un roti de porc en promotion à 3€90/kg (moins cher que le kilo de légumes non travaillés) est-il dommageable selon-vous ?

 

  • N’y a-t-il pas une antinomie fondamentale entre la pensée libérale du gouvernement et le protectionnisme agricole qui doit nécessairement faire partie de la rééducation alimentaire du citoyen, soulevée par Messieurs De Schutter et Desgain ?

 

  • L’agriculture conventionnelle, toujours majoritaire, fait beaucoup d’efforts pour répondre aux exigences nationales/européennes concernant la protection de l’environnement en suivant des référentiels de bonnes pratiques de production. Cela passe par une diminution de l’utilisation des pesticides et des engrais chimiques. Le choix de ces utilisations est pourtant basé sur des observations et analyses de risque. consommateur ne connait pas tous ces efforts effectués.
  • Le bio a bonne presse et c’est bien ainsi mais le conventionnel tente aussi d’améliorer son image.
  • Une promotion des efforts effectués ne devrait-elle pas se mettre en place pour informer le consommateur-citoyen ? Si oui, QUI va le faire ?

 

  • Comment peut-on encore soutenir un modèle de production agricole traditionnel, consommateur de pesticides et d’énergies fossiles à un niveau inacceptable ? Il est schizophrénique de dire, d’une part que l’on soutient toutes les formes d’agriculture et d’autre part, que l’on agit pour la sauvegarde de l’environnement. Nous choisissons un mode de production basé sur l’agroécologie et nous le voulons ASAP.

 

  • Quel est le rôle de l’action publique pour diminuer « l’entre-soi » des agriculteurs et intégrer/rapprocher les consom-acteurs de ces agriculteurs ?

 

  • L’agriculture « mainstream » est largement soutenue. Comptez-vous faire le CHOIX de soutenir à l’avenir d’avantage les initiatives nouvelles et plus durables ?

 

  • Pourquoi ne valorise-t-on pas la qualité de notre agriculture chez nous auprès du grand public ? En effet, l’AFSCA impose de nombreuses contraintes à nos agriculteurs qui ont, de ce fait, des produits d’une qualité supérieure aux produits importés. Pour le consommateur, il est souvent très difficile de repérer les produits issus de notre agriculture belge. En contrepartie des contraintes imposées, nos agriculteurs pourraient et devraient être défendus avec énergie auprès du grand public, ce serait la moindre des choses.

 

  • A quand l’interdiction du Glyphosate ? Vous avez déjà répondu à cette question mais si toutefois vous souhaitez apporter une réponse écrite, c’est tout à fait possible.

 

Pour Olivier de Schutter

  • Quel est le rôle de l’action publique pour diminuer « l’entre soi » des fermiers et intégrer/rapprocher les « consom’acteurs » de ces fermiers ?
  • Pensez-vous que certains emplois sont en train de disparaitre à cause de la robotisation ? Pensez-vous que la robotisation soit compatible avec les nouvelles agricultures ?
  • Vous parlez de l’agroécologie comme pouvant nourrir le monde. Est-ce que cela inclus la production au niveau des pays développés qui sont toujours massivement impliqués dans l’agriculture conventionnelle ? comment changer de direction, est ce même envisageable de revenir à une petite agriculture paysanne ?

 

Pour Sybille Mertens

  • Sybille Mertens a parlé de Libre marché, or l’agriculture n’est pas un marché libre ; les productions sont subventionnées – un modèle est subventionné (PAC). Comment rééquilibrer les subventions ? Comment soutenir l’agroécologie au moins au même titre que l’agriculture industrielle ? Des engagements politiques à ce propos ?

 

  • Comment développer l’exploitation familiale dans un système économique qui est encore dominé par les entreprises transnationales ?

 

Remarques et constats récoltés à la suite du débat :

  • Claude Bourguignon : « On ne fait plus de l’agriculture mais on gère de la pathologie végétale ». Quid du grand oublié de ce débat : sol ?
  • Craintes pour la santé, alliances avec les pouvoirs publics, etc.
Conférence de José Bové

Conférence de José Bové

Pour une agriculture durable et une PAC humaine : conférence de José Bové

Dans le cadre de Nourrir Liège 2017  la Maison des Sciences de l’Homme et l’ULg 200 ont organisé, le 22 mars, une conférence avec comme intervenant principal José Bové   autour du thème « Pour une agriculture durable et une PAC humaine ». La rencontre a attiré les foules, la salle de 500 places était complète !

La rencontre était organisée en trois temps. Tout d’abord, José Bové, sur base de quelques événements passés a prouvé et relaté la nécessité de résister au modèle actuel ; ensuite trois agriculteurs et un étudiant en agroécologie (Gembloux Agro Bio Tech) ont pu poser une question au parlementaire en relation avec la PAC ; et dans la troisième partie il a été questionné par David Leloup, célèbre journaliste d’investigation. En fin de conférence, le public a été entendu et a pu poser ses questions et laisser entendre ses inquiétudes au sujet de notre agriculture.

José Bové, ancien syndicaliste et paysan, et désormais député au Parlement Européen, est connu pour ses combats et ses luttes qui l’ont amenés à plusieurs reprises en prison (« Quand on commence un combat, il se peut qu’on doive sortir de la légalité »). Le conférencier a expliqué à l’audience son parcours et sa démarche de mobilisation, la raison de son implication au sein du Parlement Européen. Ayant toujours été actif dans la lutte, la mobilisation et le mouvement social, il était nécessaire pour lui de « continuer la bataille de l’intérieur ».

En reprenant l’exemple du poulet congelé aux hormones importé au Burkina Faso dans les années 90, José Bové illustre plusieurs points : l’aberration que peut représenter la mondialisation et le libre-échange en faisant fermer des exploitations locales ; les problèmes de santé publique que cela peut amener ; et la lutte citoyenne qui peut faire plier même de grosses entreprises. C’est ce qu’a voulu démontrer José Bové par cet exemple, grâce au mouvement social et citoyen très fort qui s’est développé, le Burkina Faso a su empêcher l’importation du poulet congelé aux hormones provenant d’Occident. Le pays produit dorénavant le poulet qui y est consommé et non seulement n’en importe plus mais est aussi maintenant en capacité de l’exporter.

Évidemment toujours d’actualité, le débat autour de Monsanto et du glyphosate a été abordé, surtout autour des raisons de la non-interdiction par les instances européennes du Roundup. En effet, malgré la désormais certitude des effets néfastes que représente ce produit et la preuve que Monsanto en avait connaissance depuis 1999 (mais a pris la décision de ne pas publier les résultats le prouvant),  l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) refuse toujours d’interdire le glyphosate.

La deuxième partie s’est concentrée autour de la PAC (Politique Agricole Commune). José Bové a pu donner son avis quant à celle-ci, et sa vision pour le futur. Selon lui, dès le départ, les objectifs de la PAC n’ont pas été respectés et il n’attend pas mieux de la PAC 2020. Il faut dès lors que les agriculteurs trouvent des alternatives en termes de production, mais aussi de commercialisation, car il soutient que la solution ne viendra pas de l’Europe dans les années à venir.  Il a rappelé également que la PAC  ne concerne pas que les agriculteurs, le contribuable a également un rôle à jouer car environ 100 € de chaque contribuable en Europe sert à financer cette PAC, dans cette optique il a le droit de refuser l’allocation qu’en fait l’Europe.

José Bové a rappelé que la mobilisation en défaveur du CETA  n’était pas terminée, tant que le CETA n’aura pas été ratifié il y a lieu de se battre. Car si celui-ci est ratifié, il mènera à la fermeture certaine de centaines de petites exploitations européennes. Il ne faut pas oublier que l’indice des prix, de la viande notamment, est fixé par les prix mondiaux depuis l’existence de l’OMC. C’est donc certain que les petites exploitations ne seront pas capables de rivaliser au niveau des prix.

Il  a ensuite évoqué sa « ferme idéale », qui s’apparente plus aux fermes « du passé », c’est-à-dire qu’il nous rappelle qu’auparavant les exploitations étaient beaucoup plus autonomes, notamment au niveau énergétique. Mais il ne prône  pas pour autant un retour en arrière. Le mot clé de cette ferme idéale serait l’autonomie : pouvoir produire sans devoir acheter. Mais également une ferme à taille cohérente, qui travaille et transforme ses produits afin d’en dégager de la valeur ajoutée et qui ne serait pas victime de la mécanisation.

Vient ensuite la question des perturbateurs endocriniens, ceux-ci viennent majoritairement de notre alimentation, bien qu’ils soient présents partout. Malheureusement, ici encore, les lobbys font pression et aucun accord n’a encore été trouvé sur une définition de ces perturbateurs endocriniens. Sans définition il est évidemment impossible de les réguler.

Tout au long de la conférence, il a appelé à plusieurs reprises les liégeois, les wallons, les belges, à se faire entendre, à continuer à faire pression. C’est un des messages clé qui ressort de cette conférence: il est nécessaire de lutter, de ne pas baisser les bras. Il ne faut pas tomber dans un fatalisme ; il est possible de lutter contre les grosses industries et les lobbyistes. Si l’on n’agit pas à son échelle, on devient complice. Tous ces sujets abordés sont des questions de santé publique, ils concernent tout le monde.

Nous avons pu remarquer un grand engouement et intérêt des citoyens lors de cette soirée. On peut voir qu’aujourd’hui, le monde de l’agriculture souhaite rencontrer à nouveau les intérêts de la société civile et inversement. Nourrir Liège était l’occasion pour tous les acteurs du système agricole et alimentaire de se rencontrer.